SANTÉ BEAUTÉ - Chronique nº 16 : Je refuse


Je ne veux plus entendre parler de chrétiens et de musulmans. Je ne veux plus entendre parler de maronites, de sunnites, de chiites, de druzes, de catholiques ou d’orthodoxes. 

Le hasard m’a fait naître chrétien grec-orthodoxe, mais cela ne me définit en rien. Je suis le fruit de mes choix et de mes erreurs, de mes succès et de mes errements. Je suis le fruit de ma pensée et de mes convictions. De mes amours et de mes amitiés. Je suis le fruit des livres que j’ai lu, des films que j’ai vu, des musiques que j’ai écouté. Je suis le fruit de mes expériences et de mes espoirs. Des rêves que j’ai déjà réalisé et de tout ce qu’il me reste à accomplir. 

Je refuse d’être réduit au hasard de ma naissance. Et de n’être qu’un bulletin de vote confessionnel qu’on comptabilise au journal du soir.

Je refuse toute loi qui dénie mon droit fondamental d’être qui je suis, et de voter pour les hommes et les femmes de mon choix, sans avoir à me demander s’ils sont nés ceci ou cela. Je refuse tout parti, homme, femme ou formation politique qui se définit par son appartenance religieuse ou confessionnelle. Je refuse tout parti, homme, femme ou formation politique qui ne présente pas un programme clair et précis pour la construction d’une nation véritable, selon les principes d’une république laïque et démocratique.

Je veux qu’on me parle du Liban. De son avenir. De notre avenir. A court, moyen et long terme. Je veux qu’on me parle d’égalité, de justice. Je veux qu’on me parle de progrès, d’évolution et de développement.

Je veux qu’on me dise quand allons-nous résoudre les vrais problèmes. Quand allons-nous voter des lois qui donnent enfin leurs droits aux femmes, au vieux, et aux plus démunis.

Quand allons-nous voter des lois qui combattent réellement cette honte, cette tache infamante qu’est la pauvreté dans un pays où la richesse la plus obscène s’étale partout de façon éhontée.

Quand allons-nous voter des lois qui protègent notre histoire et notre patrimoine, notre littoral et nos forêts, nos montagnes et nos vallées, nos lacs et nos rivières, dont nous prétendons être si fiers. Des lois qui définissent la culture comme composante essentielle, sinon existentielle, de notre présent et de notre avenir. Des lois pour aider le cinéma, le théâtre, la littérature, la musique, et tous les arts dans leurs expressions multiples. Des lois pour aider l’industrie, l’agriculture et l’artisanat. Et qui placent l’excellence et le mérite au centre de tout essor sociétal.

Quand allons-nous enfin avoir une loi électorale qui nous donne la possibilité de choisir nos vrais représentants, en toute liberté de conscience, sans être réduit à des statistiques sectaires. Et n’être qu’une masse obéissante qui applaudit là où lui dit d’applaudir, et de fermer sa gueule quand les éloges aux chefs sont terminés.

Nous avons le devoir d’être libre.  Nous avons le devoir d’être libre. Pour nos parents. Pour nos enfants. Et pour le Liban.



Publié dans Santé Beauté, Mars 2013