#NotInMyName


Dans un article hallucinant, publié sur le site Rue 89, qui nous a habitué à tellement mieux, on peut lire : "On est en absurdie : voilà qu’on demande aux musulmans de se désolidariser de la barbarie de l’Etat islamique autoproclamé ! Comme si on demandait aux femmes de se désolidariser de Nabilla."

Faire le parallèle entre Daech et Nabilla, il fallait oser. Ils ont osé. Honte de rien. Surement fiers comme des coqs de leur trouvaille.

Jean Daniel, reviens, ils sont devenus cons !

Combien d’"allo, non mais allo", faut-il pour trancher une tête ? Ou crucifier un Chrétien ? Ou vendre des femmes yazidies en esclavage ? Combien ? Combien de cillements nunuches faut-il pour massacrer des dizaines de milliers d’hommes, de femmes et d’enfants ?

Combien pour en déplacer des centaines de milliers, terrorisés, affamés et assoiffés ? Combien ?

Et s’ils s’étaient arrêté à Nabilla, on aurait pu se dire ils sont fatigués les pauvres, ils vont se reprendre, se ressaisir. Mais non. Les voilà qu’ils en remettent une couche, puis une deuxième, puis une troisième, puis une quatrième, puis, puis, puis…


Parmi ce florilège d’âneries, on peut trouver, en vrac : 
"On a pas demandé aux frigides de se désolidariser de Barjot.
On n’a pas demandé aux Martiens de se désolidariser de Jacques Cheminade. 
On n’a pas demandé aux coiffeurs de se désolidariser de celui de Bouteflika. 
On n’a pas demandé aux homos de se désolidariser de Michou. 
On n’a pas demandé aux gens qui ont un prénom chelou de se désolidariser d’Aquilino Morelle.

Tout ça pour tourner en ridicule la campagne anti-Daech #NotInMyName, lancée par des Musulmans britanniques.

À l’heure où la France est entrée en guerre contre Daech, à l’heure où Hervé Gourdel a été enlevé puis égorgé, à l’heure où les Français vivant dans plus de 40 pays sont menacé du même sort, à l’heure où plus d’un millier de citoyens français combattent dans les rangs de l’organisation terroriste, à l’heure où un récent sondage dit que 16% des Français soutiendrait cette même organisation, Rue 89 ricane, se moque et s’offusque, non mais vraiment quels salauds ces anglais !

Pardonnez-moi si je ne ricane pas avec vous. Pourtant, ricaner, ça me connaît. Pardonnez-moi si je ne moque pas et si je n’offusque pas. Pardonnez-moi si je salue le courage de ces Musulmans qui disent non, comme j’ai salué entre autres les Israéliens et les Juifs du monde entier qui ont dit "not in my name" à la guerre contre Gaza, ou les Américains qui ont fait de même lors de l’invasion de l’Irak.

Pardonnez-moi si j’en arrive à me poser la question suivante : si par malheur Marine Le Pen est élue à la Présidence de la République –scénario certes cauchemardesque mais probable, que ferez-vous quand elle se mettra à expulser à tour de bras ? Ricanerez-vous encore ou, au côté du citoyen français et homme de gauche que je suis, crierez-vous haut et fort : "not in my name" ? 


 © Claude El Khal, 2014