Je Suis Charl…atan

Après l’attentat contre Charlie Hebdo, la République française est descendue dans la rue pour crier d’une seule voix "Je suis Charlie".

Sur toutes les chaines de télévision nous avons vu, émus, les grands de ce monde, présidents et premiers ministres, marcher à la tête d’une foule immense venue exprimer son attachement à la liberté d’expression.

Malgré la présence incongrue, pour ne pas dire déplacée, de personnages sulfureux comme Benyamin Netanyahu, allié d’Al-Qaeda en Syrie, ou Ahmet Davutoglu, grand argentier de Daech, on s’est dit que c’est quand même très beau cette osmose entre gouvernants et citoyens, entre dirigeants français et étrangers. Il ne manquait plus qu’une musique de Maurice Jarre pour souligner le grandiose de tout ça.

On s’est même moqué de Nicolas Sarkozy qui a joué des coudes pour se faire une petite place entre les grands.

Malheureusement, tout ça s’est révélé n’être qu’une fiction. Aucun président, aucun premier ministre, qu’il soit français ou étranger n’ayant semble-t-il vraiment marché en tête de cortège.

En réalité, tous ces chefs d’états et de gouvernements se seraient réunis dans une rue vide, loin de la grande marche républicaine, et auraient posé pour les caméras, dans une mise en scène très étudiée. Puis les images, diffusées en boucle sur toutes les chaines de télévision, reprises par tous les médias du monde, ont fait croire à la plèbe citoyenne que les grands de ce monde étaient à ses côtés.

Le cortège des "grands' n'aurait en finalité marché avec le "peuple" que quelques petites minutes, histoire de donner un peu de crédibilité à cette fiction. Quelques minutes où l'inénarrable François Hollande s'est débrouillé pour se prendre une merde de pigeon sur l'épaule, sous le regard hilare des survivants de Charlie Hebdo.

Mais au delà de l'anecdote amusante, le cynisme glaçant de cette mise en scène, le spectacle odieux de cette supercherie, ne seront malheureusement qu’un tremplin de plus pour Marine Le Pen, déjà en tête des intentions de vote au premier tour des présidentielles de 2017.

Il y a vraiment quelque chose de pourri au Royaume de France, et ça commence à sérieusement puer.


© Claude El Khal, 2015