Lettre ouverte à Mohamad Machnouk, Ministre de l’environnement

Monsieur le Ministre,

Je vous écris en français parce que je sais que c’est une langue que vous chérissez.

Je sais aussi que vous êtes un homme de culture et de dialogue, et que votre refus de démissionner n’est en rien lié à votre attachement à un quelconque fauteuil ministériel – comme le sont beaucoup – mais pour garder le fragile équilibre au sein du gouvernement.

Après tout, en ces temps de surenchère populiste, le Premier ministre Tammam Salam a besoin du moindre soutien au sein d’un cabinet désuni qu’il tente, contre vents et marées, de diriger.

Mais voilà, la vie de plusieurs hommes jeunes hommes est en danger. Ces protestataires qui font la grève de la faim depuis plus de quinze jours, et dont la santé se détériore rapidement.

Ont-il raison, ont-ils tort ? Peu importe aujourd’hui. S’entêtent-ils dans une revendication stérile ? Sans doute.

Mais n’étions-nous pas aussi têtus, aussi idéalistes, aussi revendicatifs, à leur âge ?

Nous savons tous que vous n’êtes en rien responsable de la crise des déchets qui empoisonne le Liban. Nous savons tous que vous avez été, si j’ose dire, au mauvais endroit au mauvais moment, et que vous faire porter un chapeau qui n’est pas le vôtre est hautement injuste. Nous savons tous que votre démission ne résoudrait rien, et que ceux qui affirment le contraire sont des hypocrites.

Mais aujourd’hui, un tout autre aspect est à prendre en considération, la vie de jeunes citoyens qui veulent croire qu’un Liban meilleur est possible.

J’en appelle à l’humaniste que vous êtes, mais aussi au père et au grand-père, et vous implore, pour sauver la vie de ces jeunes protestataires, de présenter votre démission au plus vite et de demander au Premier ministre de l’accepter.

Je vous remercie du fond du cœur et vous prie de croire, Monsieur le Ministre, à l’expression de mes sentiments les plus sincères.

Claude El Khal