Résumé de la journée pour ceux qui ne regardent pas la télé


Résumé de la journée pour ceux qui ne regardent pas la télé ou qui avaient autre chose de plus important à faire :

Saad Hariri, ancien Premier ministre, chef du Courant du Futur et leader de la majorité parlementaire, ne s’est pas rendu au parlement pour la énième séance consacrée à l'élection d'un président alors qu'il avait juré ses grands dieux qu'il n'en raterait pas une de séance consacrée à l'élection d'un président. Mais bon, c'était son anniversaire, et à défaut de se voir offrir la présidence à travers l'élection de Sleiman Frangieh, ancien ministre et chef du parti Marada, il a dû se contenter d'une charlotte de chez Noura. Ce qui n'est pas exactement la même chose. Et s'il boude un peu, on le comprend, c'est quand même important les anniversaires.

Comme l’avait justement prédit la voyante cathodique Leila Abel Latif, les députés du Courant Patriotique Libre et du Hezbollah ne se sont pas non plus rendus au parlement pour la énième séance consacrée à l'élection d'un président. Une source anonyme a confirmé que leur absence n’était pas due à leur présence à l’anniversaire de Saad Hariri, ancien Premier ministre, chef du Courant du Futur et leader de la majorité parlementaire, mais à leur refus de voir un autre candidat que Michel Aoun, ancien Premier ministre, chef historique du Courant Patriotique Libre et leader du Bloc parlementaire du Changement et de la Réforme, se faire élire à la tête de l’Etat. D’autres députés étaient également absents, comme ceux fidèles à Sleiman Frangié, ancien ministre et chef du parti Marada, pourtant candidat à la présidence de la République. Ni la voyante cathodique Leila Abel Latif ni la source anonyme n’ont jusqu’à présent expliqué pourquoi.

Pendant ce temps, au Conseil des ministres, Wael Abou Faour, ministre de la Santé, a accusé Nohad Machnouk, ministre de l'Intérieur, d'être corrompu. Malheureusement, Nohad Machnouk, ministre de l'Intérieur, n'était pas présent au Conseil des ministres pour se défendre, ce qui ôte un peu de la superbe de l'accusation. Les accusations en l'absence de l'accusé c'est un peu comme un anniversaire sans présidence de la République, charlotte de chez Noura ou pas, ça a un peu le goût d’un pet mouillé. Par ailleurs, Walid Joumblatt, chef du Parti Socialiste Progressiste et patron de Wael Abou Faour, ministre de la Santé, a lui aussi lancé des accusations de corruption. Mais comme il est plus important que son protégé, il ne s’est pas contenté d’accuser une seule personne en son absence, il a accusé tout le monde, face à face, à travers son compte Twitter. Ce qui est tout de même beaucoup plus courageux.

Un peu plus tôt, les médias, toujours à la pointe de l’information et de la déontologie journalistique, ont annoncé que Nabih Berri, président du Parlement, allait conduire lui-même, en personne, la bataille contre la corruption. Ceux qui ont pris connaissance de cette nouvelle essayent désespérément d’arrêter les convulsions de leurs zygomatiques et de freiner le flot lacrymal qui coule à torrent de leurs yeux hilares.

Bref, vous n'avez rien raté. Vous pouvez passer une bonne nuit et faire de beaux rêves.


© Claude El Khal, 2016

Photo: Getty Images