Marine Le Pen ne voudra plus repartir quand elle apprendra qu’il y a plus de Jeanne d’Arc au Liban qu’en France. Quand elle saura que nombre de femmes et de jeunes filles libanaises portent le nom illustre de la Pucelle d’Orléans.
En France, tout fout le camp, même les prénoms. Les familles françaises se sont kévinisées depuis longtemps, et le culte des figures glorieuses est parti en fumée.
Même Jean-Marie Le Pen n’a pas appelé une de ses filles Jeannedarc, lui qui pourtant dit vouer une dévotion sans limite à la sainte. Aucun des trois prénoms de la candidate à l’élection présidentielle, Marion Anne Perrine – Marine étant un acronyme, n’est celui de la guerrière martyre.
Imaginez son émotion si elle en croisait une en chair et en os. "Marine Le Pen rencontre Jeanne d’Arc", c’est épique, wagnérien. Jean-Marie en verdirait de jalousie.
Les organisateurs devraient organiser ça. En faisant quand même attention à ne pas choisir une Jeannedarc avec des lèvres boursouflées au collagène et des obus en guise de poitrine qui s’avancerait en minaudant : "Yiii, bonjour madame Le Pain, kifik, ça va?"
Ça enlèverait un peu du grandiose de l’instant.
© Claude El Khal, 2017