Si l’Occident ne se réveille pas, c’est un destin d’Orient qui l’attend


Qui donc a financé les mosquées intégristes en Occident sinon ses meilleurs alliés? L’Occident le savait mais n’a rien dit et rien fait. Parce que business is business et qu’il faut bien faire des affaires.

L’Occident a fait le trottoir, il s’est vendu, par petits bouts, un club de foot par ci, un palais par là, des appartements et des terres un peu partout. Et puis des armes, plein d’armes, des avions, des canons, des missiles.

Et si ce n’était que ça.

Alors que les mosquées intégristes pullulaient dans son jardin, alors que ça radicalisait à tour de bras, alors qu’on fabriquait patiemment des petits soldats prêts au meurtre et au martyr, l’Occident est parti en guerre contre les ennemis de ses alliés, ces alliés qui ont financé son "ennemi intérieur".

De ces guerres, l’Occident n’a rien gagné. Pire, il a tout perdu. Il n’a pas transformé les pays qu’il a détruit en amis, il n’a pas exporté son système de gouvernement, il n’a pas propagé les valeurs qui l’ont fondé et dont il se veut être le garant.

Par contre, il a créé des îlots, des régions entières, où ceux qui le haïssent s’épanouissent comme des vers dans un cadavre. Et qui se préparent à le frapper, chez lui, dans son salon, dans sa cuisine, dans sa chambre à coucher. Faisant ainsi la jonction entre "l’ennemi extérieur" et "l’ennemi intérieur".

Aujourd’hui, l’Occident clame qu’il est en guerre contre les intégristes. Mais il continue, schizophrénie suicidaire, à se pavaner au bras de ceux qui les ont nourri. Parce qu'évidemment business is business et qu’il faut bien faire des affaires. Mais comment peut-on gagner une guerre quand on continue à s’accoquiner avec les banquiers, les armuriers et les maîtres à penser de son ennemi déclaré?

Il semble si naïf, l’Occident. Sait-il seulement que s’il continue comme ça, il risque d’imploser? Toutes ces attaques meurtrières qu’il a subies, et continue de subir à un rythme de plus en plus effréné, ne font que diviser ses enfants, déjà partagées en différentes communautés, de moins en moins soudées les unes aux autres.

Il suffit de quelques monstres pour salir une communauté et la rendre suspecte, voire coupable, aux yeux des autres. Deux dizaines de salauds appartenant à deux communautés différentes peuvent faire imploser un pays. Et un pays qui a implosé ne se relève jamais vraiment. Le Liban est là pour le prouver.

Pour éviter ça, L’Occident se doit de revenir au principe premier d’une seule communauté, celle des citoyens, quelles que soient leur religion, leur couleur de peau et leurs opinions. Une seule communauté, avec les mêmes droits, les mêmes chances et les mêmes devoirs pour tous. Sans exception.

Si l’Occident ne se réveille pas, c’est un destin d’Orient qui l’attend. Un Orient qu’il a aidé à détruire et d’où soufflent aujourd’hui les vents mauvais de son autodestruction.


© Claude El Khal, 2017