Le 13 Octobre 1990 en images


27 ans après, cette terrible journée du samedi 13 octobre 1990 reste pour de nombreux Libanais une blessure profonde qui ne s’est jamais tout à fait refermée. Ce jour-là, l’armée d’occupation syrienne a envahi la dernière région libre qui lui résistait encore, complétant ainsi sa mainmise sur le Liban. Mainmise militaire et politique qui allait durer quinze longues années.

J'ai réuni ici des images d’archive qu’il est important de découvrir ou de redécouvrir, d'autant plus que Michel Aoun, le général rebelle d'alors, défait par l'armée syrienne puis retranché à l'ambassade de France avant de prendre le chemin de l'exil, est aujourd'hui président de la République.

Le 12 Octobre 1990, en fin d'après midi, un tireur caché parmi la foule présente dans la cour du palais présidentiel de Baabda tente assassiner le général Aoun. ll manque de peu sa cible et est rapidement maîtrisé par des soldats de l'armée. En début de soirée, le Général s'adresse à ses partisans et leur demande de rentrer calmement chez eux parce que les bombardements avaient repris sur les divers fronts. Ce qu'on appelait le printemps de Baabda vivait ses dernières heures.





Le 13 octobre au matin, peu avant 7 heures, l'offensive syrienne est lancée. Elle est d'une violence inouïe et sera suivie du massacre d'unités entières de l'armée libanaise et de très nombreux civils. L'idée d'un Liban libre, souverain et démocratique a été écrasée dans le sang. 





Dès que la nouvelle de l'invasion s'est répandue au sein de la diaspora libanaise, des centaines de Libanais ont envahi leur ambassade à Paris et demandé une réunion d'urgence du Conseil de Sécurité de l'ONU. En vain. L'occupation syrienne du Liban, poliment appelée pax syriana, avait reçu la bénédiction de toute la communauté internationale. Les manifestant seront délogés manu militari par des policiers français.





Une semaine après la défaite, Dany Chamoun est assassiné avec sa femme Ingrid et deux de ses enfants, Takek (7 ans) et Julian (5 ans). Seule Tamara, encore bébé, échappera par miracle aux meurtriers. Le règne de la terreur avait commencé. 





Quant à moi, comme je l'ai précédemment écrit, je n’oublierai jamais les larmes des pères, des mères, des fils et des filles au moment de la reddition. Je n’oublierai jamais les soldats de l’armée libanaise massacrés alors qu’ils étaient prisonniers. Je n’oublierai jamais le silence de mort qui a accompagné l’entrée des troupes syriennes à Baabda. Je n’oublierai jamais les tirs de joie de la soldatesque d’occupation quand l’invasion fut achevée.

Je n’oublierai jamais les heures noires de ce jour funeste et la nuit sans étoiles qui s’est abattue sur nous. Je n’oublierai jamais les 15 ans qui ont suivis. 15 ans de répression, de pillage organisé, de corruption institutionnalisée. Je n’oublierai jamais la peur, la rage, la tristesse, la mort. Je n’oublierai jamais le 13 Octobre 1990.


© Claude El Khal, 2017