SANTÉ BEAUTÉ - Chronique nº 1 : Le monde selon moi















Bon, c’est la première fois. Et une première fois, c’est toujours difficile. Parler de quoi? Il y a tellement de choses à dire… Par quoi commencer ? Un bon sujet, un truc qui excite l’oeil et titille l’imagination. Bien senti, bien trouvé, le truc dont on va se rappeler. Puis en discuter, entre amis, en famille, qui sait ?

Quand Belinda m’a proposé cette chronique, ou plutôt cet espace d’écriture –Belinda Ibrahim est la rédactrice en chef de cette publication– je n’ai pas hésité une seconde. D’abord parce qu'écrire, j’aime ça. Et puis surtout quand on m’offre une opportunité de dire ce que je pense, je saute sur l’occasion. Je n’ai pas la pensée discrète. Mais ça vous l’avez déjà remarqué.

Ceci dit, il faut avouer que Santé Beauté, ça surprend un peu.

Qu’est ce que je vais bien pouvoir raconter dans un magazine qui s’appelle Santé Beauté ? La santé et moi, on n’a pas été copains pendant longtemps. Du moins, c’est moi qui n’ai pas été tendre avec elle. Après, elle me l’a bien rendu. C’était de bonne guerre. Mais aujourd’hui on s’est réconcilié. Et maintenant ça va très bien, merci.

Quant à la beauté, de quelle beauté parlons-nous ? Du corps et de ses appendices ? De l’esprit, de ses contorsions et convulsions ? Des paysages et de leur dégradation graduelle sous le regard d’une population amorphe, qui parle beaucoup et très fort, mais qui ne fait pas grand-chose ? Des œuvres d’art, expressions d’individus rares ou flatulences de pédants branchés ?

Vaste sujet, la beauté.

Je ne vais quand même pas vous ressortir mes vieux dialogues de Platon en format poche Flammarion, aux couvertures jaunies et légèrement écornés aux coins… À moins que je ne replonge dans mes souvenirs de réalisateur de pubs, du temps où je faisais du shampoing anti-pelliculaire, du savon dermatologique qui adoucit la peau et de la crème de jour, de nuit, d'après les repas et de celles qui rendent plus blanche que la voisine, cette vilaine noiraude.

Donc Santé Beauté. Bon.

Il faut quand même que je vous avoue que ce qui m’a séduit le plus, c’est qu’une bonne partie des lecteurs sont des lectrices. Les femmes et moi, c’est une grande histoire d’amour. À tous les niveaux. J’ai besoin d’elles pour vivre, pour respirer. Et surtout pour écrire.

Et parler des femmes, j’aime encore plus ça que faire des films. C’est vous dire. Je suis intarissable. Faut me voir, je pars au quart de tour et allez m’arrêter.

Un jour, j’ai osé dire que les femmes étaient la preuve de l’existence de Dieu, et l’homme, celle de son inexistence. Que n’avais-je pas dit… Tollé chez les poilus. Salaud, traître, pédé ! L’insulte primaire, à l’instar du cigare et de la cravate, est un des propres de l’homme. Michel Boujenah disait que la cravate est un panneau indicateur. Une flèche vers ce qui se cache sous le caleçon, ou le slip kangourou, c’est selon. Quant au cigare, je vous laisse imaginer…

De loin plus intelligentes que les hommes –mais chut, ne dites pas que je vous l’ai dit– elles sont le moteur réel du monde. Prenez nos chers pays arabes. Qui s’occupe de développer l’industrie du cinéma à Doha, au Qatar ? Une femme ! Et qui a ouvert un sex-shop à Bahreïn ? Oui oui un sex-shop, vous avez bien lu, encore une femme !

Mais attention les mecs, vous qui aimez les femmes comme je les aime, cette chronique est aussi pour vous.

Quand je dis aimer les femmes, je ne parle pas de ceux qui les consomment comme des cafés entre les repas, ou qui les affichent à leur bras, comme des parures, comme autant d’imbéciles vanités masculines. Non, ceux-là peuvent passer leur chemin. Eux et moi, on n’a pas grand-chose à se dire.

Je parle de ceux qui savent que de Truffaut à Almodovar, la passion est la même. Entière, totale et sans retenue.

Bref, on discutera de tout ça dans une prochaine chronique, promis.

Mais ne nous précipitons pas. Avant d’envisager de prochaines chroniques, il faut déjà commencer par celle-là.

Avant tout, il faut trouver un concept. Un titre, une structure, et tout ce qui va avec.

Des titres, j’en ai eu beaucoup. Des longs, des courts, des poétiques, des chic et choc, très tendance, très dans le vent. Mais aucun ne me plaisait vraiment. Je m’enthousiasmais sur le moment, je trouvais ça beau, grandiose, génial, puis quelques minutes plus tard, la sauce retombait. Et « back to the kitchen » comme disent les anglo-saxons.

Finalement, j’ai opté pour « le monde selon moi ». C’est un peu arrogant, c’est vrai. Mais un peu d’arrogance, n’a jamais fait de mal à personne.

Vous me direz que ça l’est moins que ces articles où certains prétendent nous expliquer la vie, à nous, pauvres aveugles. Au moins là, c’est le monde tel que je le vois et le comprends. Et ça, ça n’engage que moi.

Et pour structure, j’ai choisi de suivre le fil de ma pensée. Et de partager avec vous ce qui attire mon attention, me fait rêver, me met en colère, me fait rire ou pleurer. Bref, un morceau de mon monde.

Ah, je suis arrivé au bout du nombre de mots autorisés -800 tout au plus. Et je crois que j’ai même dépassé un peu.

Allez, on se voit dans deux mois pour la suite.


Publié dans "Santé Beauté" - Juillet 2010