Crétinocratie Libanaise

"Mobilisation générale des Libanais de France en faveur de Hiba Tawaji", peut-on lire un peu partout sur les réseaux sociaux.

Qui est donc cette Hiba Tawaji pour qu’elle suscite cette mobilisation sans précédent ? Une prisonnière politique, embastillée pour le courage de ses opinions ? Une femme battue comme il y en encore trop, qu’une justice phallocrate et machiste peine à défendre ? Une journaliste enlevée par Daech en Syrie qui attend d’être égorgée dans une de ces mises en scène macabres qu’affectionnent particulièrement les hirsutes de l’Etat Islamique ? Un soldat (ou doit-on maintenant dire une soldate ?) de l’armée libanaise, otage des terroristes de Jabhat el Nosra dans le jurd d’Ersal, au nord-est du Liban, dont le sort dépend de négociations douteuses avec un Etat libanais de plus en plus exsangue et impuissant ? Ou bien une "bonne", comme on aime dire de par chez nous, une domestique victime de racisme ou de maltraitance ?

Non, Hiba Tawaji est une chanteuse libanaise, charmante et talentueuse au demeurant, qui passe dans l’émission française de télé-crochet "The Voice".

Soutenir cette chanteuse n’a bien évidement rien de choquant. Mais de là à appeler à la mobilisation générale des Libanais de France, il y a un monde.

Un monde que mes chers compatriotes, au Liban comme à l’étranger, ne semblent pas voir. Tout engoncés qu’ils sont dans une superficialité devenue pathologique. Et qui est l’essence même de notre belle crétinocratie nationale. 
© Claude El Khal, 2015