Parmi ces derniers, certains ont compris que c’est ensemble que cet avenir devra être construit. Alors ils ont décidé d’aller à la rencontre des autres. Chez eux, dans leurs régions, dans leurs villages. Ils se sont donné un nom, Massirat Watan, et se sont mis à marcher, comme des pèlerins.
En route, tout le long des frontières du pays, ils offrent un petit livret à tous les Libanais qu’ils rencontrent. Pas un pamphlet politique ou un tract électoral. Mais la Constitution libanaise. Le seul texte qui nous unit vraiment. Qui fait de nous un peuple. Et non pas un fatras de confessions, de familles et de tribus.
Le Liban que j’aime, je le retrouve dans ce vieil homme, ce marchand de fruits et légumes, humble, souriant, accueillant, à qui on offre la Constitution, qui la prend dans ses mains, l’embrasse puis la pose sur son front, comme on ferait avec un livre saint.
Aucun discours ne pourra égaler ce geste simple. Ce geste nu. Aucune harangue n’aura sa force, aucun prêche ne sera plus éloquent. Un geste fondateur de la République dont je rêve. Une République où les Libanais, aussi différents soient-ils, naissent et vivent libres et égaux en droits.
Une République pour tous. Sans exception. La seule digne du Liban que j’aime.
© Claude El Khal, 2017