Sus aux Fake News !


Emmanuel Macron, PDG de la startup France a déclaré la guerre aux fake news. Bravo monsieur le président directeur général, depuis le temps que j’attends un tel acte de bravoure – que dis-je acte de bravoure, une telle action héroïque – que j’ai fini par ne plus y croire. Et dire que je n’ai pas voté pour vous. Honte à moi. Que Jupiter me patafiole mais, dans sa grande mansuétude, pardonne mes errements électoraux.

Donc sus aux fake news ! Sussons tous en chœur, mais par où commencer, il y a tant à faire. La fake news étant souvent difficile à déceler. Sournoise, elle se grime de petites vérités de façade, et s’accompagne souvent d’un discours moral dont la rectitude fluctue selon les saisons et les raisons d’État.

Les fake-newseurs sont, j’imagine, des menteurs en série. Afin de les démasquer et de les empêcher de continuer à grignoter avidement et sans scrupules cette déontologie journalistique si chère à monsieur Macron, il nous faut trouver des fake relativement récentes dont la fakeacité est indéniable, puis remonter à la source.

Je propose de commencer par la mother of all fake news, le must du must du pipeau, le nec plus ultra du bobard : les armes de destruction massive de Saddam Hussein. Vous savez, cette fake célèbre dont toute une armée de chaînes de télévision, de journaux et de magazines nous a certifié l’authenticité. Et qui fut l’étendard brandi par les maîtres du monde pour envahir l’Irak, en chasser les saddamites, massacrer une foule de gens qui ne leur avaient rien fait, et se servir gratis à la buvette de l’or noir.

Cette fake news n’étant pas si vieille – Emmanuel Macron était déjà né et commençait sans doute à caresser le désir d’une carrière olympienne – on peut aisément avoir accès aux images et aux archives. Ainsi, on pourra retrouver tous les journalistes et autres passeurs d'information qui ont menti ou colporté le mensonge.

Après que leurs noms soient rendus publics et jetés à la vindicte populaire, la foudre du Zeus tricolore les obligera à faire leur mea culpa en direct de la Place de Grève et à porter, juste en dessous de leur illustre signature, la marque honteuse des fake-newseurs.

Mais voilà, ces menteurs n'ont pas fake-newsé sur internet – les réseaux sociaux, ces Hadès du mensonge, n'existaient pas encore – mais dans la presse écrite et à la télévision. Les mêmes qui se présentent aujourd'hui comme des parangons de vertu et des chasseurs incorruptibles de l’info mensongère. Les mêmes qui, depuis l'apparition du Messie élyséen, rivalisent d'ingéniosité pour se hisser au sommet de l'applaudimètre macroniste. C'est à croire que les seules news qui seront désormais labellisées "fake" sont celles qui déplairont au Prince.


© Claude El Khal, 2018