Dany Chamoun était un peu le Kennedy libanais, héritier de la dynastie politique fondée par son père Camille Chamoun, ancien président de la République libanaise de 1952 à 1958. Bel homme, charmeur, extrêmement populaire, Dany – comme l’appellent simplement de nombreux Libanais – a commencé sa carrière politique comme chef de la milice du Parti National Libéral (PNL), les Noumour el-Ahrar.
Après des faits d’armes remarqués, il abandonne la lutte armée suite au massacre de ses partisans en Juillet 1980 par la milice concurrente des Kataeb qui cherchait à unir toutes les milices chrétiennes sous la seule bannière des Forces Libanaises.
A la fin des années 80, il soutient le gouvernement de transition dirigé par le général Michel Aoun et s’engage à ses côtés lors de "la guerre de libération" puis celle dite "inter-chrétienne" qui opposa l’armée libanaise à la milice des Forces Libanaises dirigée par Samir Geagea.
Après l’invasion syrienne du 13 Octobre 1990 et la chute du général Aoun, Dany Chamoun refuse de quitter le Liban. Il sera brutalement assassiné le 21 Octobre avec sa femme Ingrid et deux de ses enfants, Takek (7 ans) et Julien (5 ans). Seule Tamara, encore bébé, échappera par miracle aux meurtriers.
Aujourd’hui, 27 ans plus tard, les assassins de Dany, Ingrid, Tarek et Julian courent toujours sans que personne ne demande que justice soit faite. Pas même son frère, Dory, qui lui a succédé à la tête du PNL.
On pourrait également citer les assassinats de l’ex-Premier ministre Rachid Karamé, du président René Moawad, du Muflti de la République Hassan Khaled, des généraux François el-Hajj et Wissam el-Hassan, et de tant d'autres, sur lesquels la justice libanaise est étrangement silencieuse.
La guerre du Liban ne sera véritablement enterrée que lorsque tous les coupables auront été jugés. Mais aujourd’hui, en ce 21 octobre, je ne peux m’empêcher de penser à Dany, à Ingrid, et surtout à Tarek et Julian, deux enfants dont le seul crime fut de s’appeler Chamoun et d’être présents ce jour-là au domicile familial.
© Claude El Khal, 2017