Ensaf Haidar, épouse du blogueur saoudien emprisonné Raif Badawi, a lancé dans le quotidien belge Le Soir, un appel à l’aide émouvant. Je joins ma voix à la sienne et publie cet appel dans son intégralité.
"Aujourd’hui, des millions de personnes dans le monde connaissent le nom de mon mari, Raif Badawi. Toute cette attention est encourageante, mais ce pourquoi il est connu me choque profondément.
Raif a été arrêté il y a trois ans jour pour jour dans notre pays, l’Arabie saoudite, juste parce qu’il a exprimé ses idées – il a pris son clavier et créé son site internet.
C’est une personne qui aime la vie et adore la liberté, et cela lui a valu la plus dure des peines. Il est enfermé depuis 2012, purge une peine de 10 ans de prison et a déjà reçu 50 coups de fouet en public sur une peine effroyablement cruelle de 1.000 coups – un nombre de coups que personne ne supporterait.
Depuis que la Cour suprême d’Arabie saoudite a récemment confirmé sa condamnation, une décision dont il ne peut faire appel, Raif reste confronté à la menace de subir 19 autres séances de flagellation, malgré son mauvais état de santé. Tout cela parce qu’il s’est exprimé.
Après notre mariage en 2002, notre vie ensemble était belle, insouciante et libre, jusqu’à ce qu’il décide de créer son premier site internet, « Libérez les libéraux saoudiens », quelques années après.
Depuis lors, j’ai toujours eu peur pour la sécurité de Raif car je sais bien que les autorités religieuses d’Arabie saoudite sont puissantes, virulentes et sans pitié. Mes craintes se sont réalisées en 2007, quand Raif a été officiellement convoqué pour la première fois par la Sûreté de l’État, et la vie est rapidement devenue difficile pour nous. La situation a encore empiré après son arrestation en 2012, puis sa condamnation radicale a été prononcée l’an dernier.
J’ai le regret d’avoir à dire que la peine sévère et inhumaine prononcée contre Raif l’an dernier était destinée à envoyer un message clair à tous ceux qui oseraient s’opposer aux extrémistes religieux d’Arabie saoudite ; ce fut un choc dont je n’arrive toujours pas à me remettre – c’est même devenu une véritable torture.
Raif a toujours été tout pour moi et les enfants ; il est le père de trois anges et un mari formidable. Je ne pourrai jamais décrire combien il nous manque. Nous avons presque tout perdu depuis son emprisonnement.
Le jour où Raif a été envoyé en prison, j’ai décidé que j’avais deux choix : ou être faible, baisser les bras et me cacher dans un coin pour pleurer, ou rester forte et me battre pour la liberté de Raif. Je suis une personne qui garde toujours espoir, malgré les obstacles.
J’ai connu des périodes difficiles, mais mes premiers jours au Canada furent encore plus durs : une nouvelle langue, de nouvelles personnes et une nouvelle vie. J’ai dû supporter tout cela en plus de mes pensées concernant la longue distance entre Raif et moi, et le fait que je ne peux pas revenir en Arabie saoudite. Cependant, j’ai trouvé au Québec des gens sincères qui m’ont fait regretter que Raif et moi n’ayons pas déménagé ici il y a longtemps.
Ma vie au Canada peut être décrite comme parfaite ; la façon dont les Québécois nous traitent est absolument merveilleuse. Le gouvernement du Québec et l’opposition nous soutiennent beaucoup ; ils sont tous formidables. La seule chose qui me manque ici est d’avoir Raif auprès de nous.
Bien au-delà du Canada, des personnes dans le monde entier nous apportent un grand soutien – en particulier grâce aux efforts des militants d’Amnesty International, qui mènent toutes les campagnes et actions possibles pour nous aider. Toutes les formules du monde ne suffiront pas à exprimer ma gratitude envers eux pour tous leurs efforts visant à libérer Raif. Ils ont récemment organisé une excellente tournée pour m’amener avec mon message dans plusieurs pays d’Europe, où j’ai rencontré des responsables politiques. Les dirigeants européens m’ont accueillie comme si j’étais une personnalité politique ou une diplomate, et ce traitement m’a à lui seul incitée à être optimiste et pleine d’espoir. Tout le monde essaye, et j’espère que ces efforts porteront un jour leurs fruits.
J’ai supplié et souhaite supplier à nouveau Sa Majesté le roi Salman d’Arabie saoudite de gracier Raif et d’empêcher sa flagellation. Certes, je n’ai reçu aucune réponse, mais je reste optimiste et continuerai de plaider jusqu’au bout."
"Aujourd’hui, des millions de personnes dans le monde connaissent le nom de mon mari, Raif Badawi. Toute cette attention est encourageante, mais ce pourquoi il est connu me choque profondément.
Raif a été arrêté il y a trois ans jour pour jour dans notre pays, l’Arabie saoudite, juste parce qu’il a exprimé ses idées – il a pris son clavier et créé son site internet.
C’est une personne qui aime la vie et adore la liberté, et cela lui a valu la plus dure des peines. Il est enfermé depuis 2012, purge une peine de 10 ans de prison et a déjà reçu 50 coups de fouet en public sur une peine effroyablement cruelle de 1.000 coups – un nombre de coups que personne ne supporterait.
Depuis que la Cour suprême d’Arabie saoudite a récemment confirmé sa condamnation, une décision dont il ne peut faire appel, Raif reste confronté à la menace de subir 19 autres séances de flagellation, malgré son mauvais état de santé. Tout cela parce qu’il s’est exprimé.
Après notre mariage en 2002, notre vie ensemble était belle, insouciante et libre, jusqu’à ce qu’il décide de créer son premier site internet, « Libérez les libéraux saoudiens », quelques années après.
Depuis lors, j’ai toujours eu peur pour la sécurité de Raif car je sais bien que les autorités religieuses d’Arabie saoudite sont puissantes, virulentes et sans pitié. Mes craintes se sont réalisées en 2007, quand Raif a été officiellement convoqué pour la première fois par la Sûreté de l’État, et la vie est rapidement devenue difficile pour nous. La situation a encore empiré après son arrestation en 2012, puis sa condamnation radicale a été prononcée l’an dernier.
J’ai le regret d’avoir à dire que la peine sévère et inhumaine prononcée contre Raif l’an dernier était destinée à envoyer un message clair à tous ceux qui oseraient s’opposer aux extrémistes religieux d’Arabie saoudite ; ce fut un choc dont je n’arrive toujours pas à me remettre – c’est même devenu une véritable torture.
Raif a toujours été tout pour moi et les enfants ; il est le père de trois anges et un mari formidable. Je ne pourrai jamais décrire combien il nous manque. Nous avons presque tout perdu depuis son emprisonnement.
Le jour où Raif a été envoyé en prison, j’ai décidé que j’avais deux choix : ou être faible, baisser les bras et me cacher dans un coin pour pleurer, ou rester forte et me battre pour la liberté de Raif. Je suis une personne qui garde toujours espoir, malgré les obstacles.
J’ai connu des périodes difficiles, mais mes premiers jours au Canada furent encore plus durs : une nouvelle langue, de nouvelles personnes et une nouvelle vie. J’ai dû supporter tout cela en plus de mes pensées concernant la longue distance entre Raif et moi, et le fait que je ne peux pas revenir en Arabie saoudite. Cependant, j’ai trouvé au Québec des gens sincères qui m’ont fait regretter que Raif et moi n’ayons pas déménagé ici il y a longtemps.
Ma vie au Canada peut être décrite comme parfaite ; la façon dont les Québécois nous traitent est absolument merveilleuse. Le gouvernement du Québec et l’opposition nous soutiennent beaucoup ; ils sont tous formidables. La seule chose qui me manque ici est d’avoir Raif auprès de nous.
Bien au-delà du Canada, des personnes dans le monde entier nous apportent un grand soutien – en particulier grâce aux efforts des militants d’Amnesty International, qui mènent toutes les campagnes et actions possibles pour nous aider. Toutes les formules du monde ne suffiront pas à exprimer ma gratitude envers eux pour tous leurs efforts visant à libérer Raif. Ils ont récemment organisé une excellente tournée pour m’amener avec mon message dans plusieurs pays d’Europe, où j’ai rencontré des responsables politiques. Les dirigeants européens m’ont accueillie comme si j’étais une personnalité politique ou une diplomate, et ce traitement m’a à lui seul incitée à être optimiste et pleine d’espoir. Tout le monde essaye, et j’espère que ces efforts porteront un jour leurs fruits.
J’ai supplié et souhaite supplier à nouveau Sa Majesté le roi Salman d’Arabie saoudite de gracier Raif et d’empêcher sa flagellation. Certes, je n’ai reçu aucune réponse, mais je reste optimiste et continuerai de plaider jusqu’au bout."
Ensaf Haidar (avec Amnesty International)
Aux quatre coins du monde, bloggeurs, journalistes, activistes et sympathisants d’Amnesty International mènent campagne aux côtés d’Ensaf Haidar et continuent d’appeler à la libération immédiate de Raif Badawi.
Il est inconcevable de défendre la liberté d'expression dans son pré carré et fermer les yeux sur ce qui se passe ailleurs, sous quelque prétexte que ce soit, économique, financier ou politique.
Il est choquant qu'au Liban, personne ou presque ne s'émeut du sort de Raif Badawi et n'appelle à sa libération. L'argent a-t-il à ce point aveuglé les consciences ?
J'appelle toutes les associations libanaises de défense de la liberté d'expression, quelles que soient leurs sympathies ou affiliations politiques, à se joindre à Ensaf Haihar et à tous ceux et toutes celles qui ont compris que la liberté de Raif Badawi c'est aussi la leur.