Droit de réponse


En réaction à ma chronique : "What’s Daesh doing in Lebanon?", un lecteur anonyme a publié un commentaire agressif, raciste et insultant. 

Je n’ai pas l’habitude de répondre aux commentaires sur mon blog –je préfère laisser les lecteurs réagir comme ils l’entendent, et s’ils le désirent, débattre entre eux. S’ils ont envie de m’insulter ou de s’insulter, grand bien leur fasse. La liberté d’expression est malheureusement souvent à ce prix.

Mais là, je ne pouvais pas rester de marbre. L’utilisation de cette infamie qu’est l’antisémitisme comme argument est un ignoble procédé, surtout de la part d’une personne dont le racisme transpire à chaque ligne.

J’ai donc choisi de répondre ici à ce monsieur –j’aime croire que c’est un homme et non une femme, question d’élégance, vous comprenez.

Voici donc ce fameux commentaire, suivi de ma réponse :

“Je me demande de quoi il s’agit ici? de faire rappel de quoi au juste? que la plupart des intellos du “monde arabe” sont des esprit paresseux, incultes, primitifs, épris de théories du complot? qu’ils croient que la source de tous leurs malheurs provient toujours du Juif? qu’ils sont incapables d’introspection et d’auto-critique? qu’ils sont incapable de voir une petite possibilité que leurs prisons sont tissées de leurs mains propres? que les fouets lacérant leur peaux sont de fabrication locale? que ce n’est pas toujours la fautes aux autres que l’individu arabe demeure en dehors de l’histoire? Je me demande, pourquoi faut-il toujours qu’il y ait un complot Juif-CIA contre ces pauvres arabes? quand est-ce que ces bons arabes ont été unis tout d’abord, pour qu'ils méritent d’être déchirés en haillons par le Juif? ensuite, est-ce que les arabes sont à se point atteints d’incapacité mentale pour se laisser faire par ce plan diabolique? Franchement, si ce n'est pas de l'antisémitisme infect pur et simple, c’est du n’importe quoi cet article de Claude el-Khal, et je l’ai posté simplement pour montrer à quel point l’intellect Oriental (dans toutes ses langues, que se soit l'arabe, l'anglais, ou le français) est devenu obscène et incapable d’accepter la responsabilité de ses propres insuffisances et sa propre stagnation morale, culturelle, politique, et intellectuel. Tout cela me rappelle Nizar Qabbani et son (lire le poème en arabe sur le lien suivant : http://claudeelkhal.blogspot.com/2014/08/whats-daesh-doing-in-lebanon_4.html. Le formatage de ce blog m’empêche de le reproduire ici tel quel –Nda) Je je suis pas trop fan de Qabbani, mais au moins dans ce poème-là il a eu la décence intellectuelle de prendre les Arabes à la tâche.”

Cher monsieur anonyme, 

J’ai décidé de vous répondre parce que visiblement vous n’avez pas lu ma chronique.

Si vous aviez lu : “In the light of all this, debating if Daesh came to Lebanon because Hezbollah is fighting in Syria is ludicrous at best. Instead we should stop the petty accusations and finger pointing, and unite to defend Lebanon. Because if we don’t, the last chance for Christians, Muslims and Jews, for Shias, Sunnis, Alawites and Druze to live together, will be gone forever”, peut-être auriez vous évité d’écrire des âneries.

Réfuter mon analyse est plus que légitime -je n’ai jamais eu la prétention de me croire à l’abris d’un raisonnement erroné. Si c’est le cas, je vous encourage vivement à souligner mes erreurs et à me faire part de votre propre raisonnement.

Malheureusement, il semblerait que, en guise de raisonnement, vous ayez projeté sur moi vos propres faiblesses : vous parlez de paresse intellectuelle, mais n’ayant pas lu la chronique ou l’ayant lue en diagonale et n’ayant pas réfuté mon analyse par une argumentation basée sur des faits –ou du moins sur votre interprétation de ces faits, vous avez, monsieur, montré un bel exemple de paresse.
À ce propos, je vous conseille de lire le reste de mes chroniques, pour voir si, comme vous m’en accusez, je suis un adepte du complot et du fatalisme oriental.

D’autre part, si vous aviez fait l’effort de suivre un peu l’actualité, vous auriez su que Daech n’est pas une organisation arabe, mais multinationale, dont les rangs sont formés de quelques arabes, certes, en majorité venus du Maghreb, mais surtout d’Afghans, de Tchétchènes, et même d’Européens… Vous auriez su également que les Arabes ne se laissent pas faire par Daech et les combattent avec les moyens dont ils disposent. Comme par exemple à Deir el-Zour, berceau de la contestation syrienne, où les jihadistes ont été chassé par une population locale qui n’entend se laisser faire ni par le régime baassiste ni par les mercenaires daechistes. En Irak, où face à l’expansion de l’Etat Islamique, les citoyens prennent les armes pour épauler l’armée iraquienne. Et enfin au Liban, où l’armée libanaise inflige à ces terroristes des défaites cinglantes.

De plus, votre commentaire est d’un racisme si ordinaire qu’il en devient insipide.

Vous voulez m’insulter, ainsi que tous les “intellectuels arabes”, soit, mais au moins faite le avec style, avec panache, osez des mots moins faciles que “paresseux, incultes, primitifs”.

Et puis, cher monsieur anonyme, pourquoi massacrez-vous la langue française ? C’est une belle langue pourtant, qui mérite bien mieux que vos “quand est-ce que ces bons arabes ont été unis tout d’abord” ou “c’est du n’importe quoi cet article”.

Quant à l’“antisémitisme infect”, y en aurait-il d’un autre genre ? Un antisémitisme pas infect ? Parfumé à l’eau de rose ou saupoudrée de sucre ? À moins que vous ne connaissiez un antisémitisme bio ? Mais peut-être que vous êtes un adepte de la redondance… Par paresse, encore ? Parce que, monsieur, l’antisémitisme est par définition infect. Aussi infect que le racisme dont vous faites preuve dans votre commentaire.

Mais attention, le racisme et l’antisémitisme sont des délits, heureusement punis par la loi française. Étant aussi citoyen français, vous m’accusez donc d’un délit. Et cette accusation, si elle n’est pas prouvée ou avérée, est un délit en soi.

Peut-être vous aurai-je poursuivi en justice pour diffamation si vous aviez signé vos injures.

J'aurai aimé conclure par ces mots de Cyrano : “d’esprit, ô le plus lamentable des êtres / Vous n’en eûtes jamais un atome, et de lettres / Vous n’avez que les trois qui forment le mot : sot !” mais vous avez visiblement quelques lettres puisque vous citez Nizar Qabbani, bien que le poème n’ait pas grand rapport avec le sujet de la chronique.

Mais... Eurêka… J’ai soudain une illumination… Vous ne comprenez tout simplement pas l’anglais ! 


© Claude El Khal, 2014