L’islam et le christianisme unis par le calendrier

Cette année, pour la première fois depuis 457 ans, le Mawlid (naissance du prophète Mohammad) et le Milad (Noël, naissance de Jésus) se célèbreront ensemble.

A l’heure où les chrétiens d’Orient sont persécutés, chassés de leur foyer et de leur terre, ou même massacrés, à l’heure où l’Occident connaît une vague islamophobe sans précédent après que la politique irresponsable de ses gouvernements ait favorisé l’essor de l’islamisme le plus barbare, les naissances du prophète de l’islam et du messie chrétien seront célébrées au même moment.

Comme si Dieu, le hasard ou l’univers, selon les croyances ou les superstitions, voulaient démontrer à une humanité en totale perte de repères, en plein repli identitaire et religieux, prisonnière de la peur et de la haine de l’autre, qu’au delà des couleurs de peau, des origines ethniques et des fois religieuses, elle reste une et indivisible.

Nul besoin d’être croyant, chrétien ou musulman, pratiquant ou non pratiquant, pour y voir un signe des temps.

Les chrétiens devraient en profiter pour affirmer leur attachement au message révolutionnaire, progressiste, égalitaire et fraternel du Christ et s’éloigner de ce conservatisme absurde dans lequel ils se sont si longtemps murés.

Les musulmans seraient bien inspirés de se replonger dans la Coran et d’y voir la place importante, sinon primordiale, qu’occupe Jésus (Issa) et sa mère Marie (Maryam) dans les textes saints de l’islam, ainsi que les nombreuses similitudes entre leur foi et celle des chrétiens.

Quant aux laïcs, ils sont invités à redécouvrir le sens véritable des mots liberté, égalité et fraternité, et réaliser enfin que l’argent roi, le tout profit et le consumérisme érigé en religion suprême n’ont jamais mené qu’a plus de souffrance, d’injustice et de misère. Et qu’en définitive, ils n’ont été et ne seront jamais que l’antinomie de la liberté, de l’égalité et de la fraternité.

Finalement, tous devraient enfin apprendre à non seulement vivre ensemble et se tolérer, mais surtout à s’enrichir de leurs différences, et comprendre que la beauté du monde est dans sa diversité.


© Claude El Khal, 2015