The blog is back


My Beirut Chronicles est de retour après neuf mois de silence. En novembre de l’année dernière, j’avais annoncé "la fin du blog". J’avais néanmoins préféré le garder en ligne pour pouvoir m’y référer en cas de besoin. 

Deux mois plus tôt, j’avais quitté le Liban pour la France. J’ai vécu ce départ comme une trahison envers la promesse que je m’étais faite d’y rester toujours, quoi qu’il arrive. Malheureusement, après le cataclysme du 4 août qui a détruit une partie de Beyrouth, ma situation matérielle, déjà compliquée, était devenue intenable. Malgré le soutien de ma famille et de certains de mes amis, il m’était devenu extrêmement difficile d’y continuer à vivre. Je me suis donc vu obligé d’abandonner ce pays que j’aime passionnément et de m’exiler. Cet exil forcé m’a profondément bouleversé. J’étais si désespéré que, par réaction ou peut-être par instinct de survie, j’ai voulu tirer un trait sur le passé, sur le Liban, et sur tous les combats que j’y avais mené. De cette purge que je croyais salutaire, My Beirut Chronicles ne faisait pas exception. Une page doit se fermer pour qu’une autre puisse s’ouvrir, me disais-je pour me rassurer. Je ne me doutais pas que cette nouvelle page allait, encore une fois, me porter vers les rives de ma ville meurtrie, Beyrouth, et vers cette terre libanaise tant aimée, cette terre sacrée, une terre saccagée, salie, profanée, mais qui trouve encore l’extraordinaire volonté d’exister. 

Peu avant mon retour au Liban, au début du mois de juin, j'avais recommencé à écrire sur les réseaux sociaux. Il n’était cependant pas question de reprendre le blog. Je pensais vouloir faire autre chose, probablement un nouveau format, une façon différente de m’exprimer. Mais, comme disent les spécialistes de ce genre de choses, on ne change pas une formule qui fonctionne. En effet, ma décision de "réactiver" My Beirut Chronicles a été prise il y a quelques jours après une découverte surprenante. Alors que j’y cherchais un article que j’avais écrit il y a plusieurs années pour l’envoyer à une amie, j’ai été surpris de découvrir que pendant les neuf mois de silence, il avait continué son bonhomme de chemin et avait été visité près de 300.000 fois. Ce qui porte le nombre total de visites à plus de 3.8 millions, venues des quatre coins du monde, des États-Unis à la Chine, en passant évidemment par la France et le Liban. J’ai pris conscience que ce succès inattendu, inespéré, s'accompagnait d'une indubitable responsabilité envers mes lecteurs, surtout en cette période terrible pour les Libanais et existentielle pour le Liban. 

Je leur demande aujourd’hui de me pardonner d’avoir failli à cette responsabilité pendant ces longs mois. Je ferai désormais de mon mieux pour être toujours à la hauteur de leurs attentes, et digne de la confiance qu’ils m’ont fait, que vous m’avez fait, le privilège de m’accorder.


Claude El Khal