Samy Khayat, riez pour nous


Samy Khayat ne nous a pas fait rire pendant la guerre. Samy Khayat nous a fait rire de la guerre. Il a mis du bonheur sur le malheur. Il a couvert d’éclats de rire les éclats d’obus. Et nous, face aux crépitements des mitrailles, nous lui offrions celui de nos applaudissements.
 
Samy Khayat est un sauveur. Par le rire, il nous a sauvé de nous-mêmes. Il mis des paillettes sur nos laideurs. Et un masque de clown sur nos haines. Samy Khayat est un héros. Il a combattu l'horreur par la bonne humeur. Aux chars et aux canons, il a opposé l’humour. Il a célébré la vie, pendant que la mort étendait partout son linceul. Samy Khayat. Le nom à lui seul provoque immédiatement le sourire. Comment faire autrement? Il a fait sien nos zygomatiques. Et rien que pour ça, nous devrions lui être éternellement reconnaissant.

Samy Khayat aurait sans doute rit de ces quelques lignes. Pas par moquerie, non. Mais par pudeur. La pudeur des géants. Des hommes de cœur. Ceux qui soulagent les peines du nôtre en cachant les leurs derrière les rideaux d’un théâtre. Samy Khayat était la vie. Une extraordinaire dynamo, un arlequin virevoltant. Il était le Liban dans ce qu’il a de plus beau.
 
Cher Samy, qui êtes aujourd’hui aux cieux, riez pour nous. On en a bien besoin. Amen.


© Claude El Khal, 2023