Il faut que je vous raconte


Il faut que je vous raconte:

J’avais des soupçons depuis pas mal de temps, mais il me fallait en être sûr. Je me suis donc amusé à faire un test. J’ai annoncé, en forme de clin d’œil, que mon prochain post sera en français et que “attention ça va faire mal” (ceux d’entre vous qui ont ri me connaissent bien!).

Et ça n’a pas raté.

Tous mes posts qui ont suivi ont été invisibilisés. C’est-à-dire que la très grande majorité de mes friends et followers sur facebook ne pouvait pas voir mes post sur leur timeline. C’est une censure sournoise, pernicieuse, une censure qui ne dit pas son nom. On continue de croire qu’on est libre d’écrire ce qu’on veut, sauf que presque personne ne peut vous lire.
 
Le premier post qui a suivi “l’annonce” était un vieux texte sur Ashrafieh transformé en WC pour chiens. Je l’ai gardé pendant près d’une heure et vérifié qu’il n’apparaissait pas sur la timeline de plusieurs de mes amis. Par contre, les trolls n’ont pas raté le rendez-vous et sont venus cracher leurs commentaires insultants. Pour ne pas les laisser continuer à déverser leur venin, j’ai effacé le post.

Le deuxième post était sur le monde qui est devenu le Liban en grand. Il fut tout aussi invisibilisé que le précédent, mais cette fois les trolls étaient absents. Vos commentaires positifs ont dû les décourager.
Les troisième et quatrième posts sur l’absurdité des interventions étrangères dans les affaires intérieures libanaises (l’un étant un teaser de l’autre) ont subi le même sort: seule une infime partie de mes friends et followers ont pu les lire.
 
Voilà où nous en sommes.

Dès que j’ai annoncé écrire à nouveau en français, la censure a pointé son nez et fait son sale boulot.
Un individu normal se serait dit: si c’est comme ça, oublie le français et continue à écrire en anglais. Mais je ne suis pas un individu normal. J’ai même tendance à tenir la normalité pour un vilain défaut. Mes amis qui me connaissent bien vous le confirmeront!!
 
Messieurs les censeurs, vous n’avez pas encore appris votre leçon? Vous n’avez pas encore compris que plus vous essayerez de me faire taire, plus je m’exprimerai? Plus vous tenterez de m’imposer le silence, plus j’élèverai la voix. Et si ça vous défrise autant que j’écrive en français, eh bien je vais m’offrir le plaisir de vous défriser.

Pour paraphraser la devise du Canard enchaîné: la liberté d’expression ne s’use que lorsqu’on ne s’en sert pas. Et moi, je compte m’en servir encore plus.

Attention, ca va faire mal.

© Claude El Khal, 2023