Les portes de l’enfer


La frontière sud du Liban c’est les portes de l’enfer. Si elles s’ouvrent, c’est toute la région qui va s’embraser, et avec elle, le monde.

L’air de rien, Poutine a dit hier que les navires de guerre américains qui voguent vers la Méditerranée orientale allaient être à portée de tir de ses missiles supersoniques. “Ce n’est pas une menace, c’est une information”, a-t-il ajouté.
 
Ça résume un peu l’ambiance.

Des navires de guerre russes sont déjà sur place, dans les ports syriens.
Les navires américains vont flotter aux larges des côtes israéliennes.
Les Chinois sont aussi dans le coin, mais de façon plus discrète.

Si la guerre à Gaza s’étend au Liban, le front syrien va automatiquement suivre et l’Irak ne sera pas en reste. Or en Syrie, hormis l’armée syrienne et les groupes paramilitaires, il y a les Russes et il y a les Américains. Et en Irak, il y a les Américains et les groupes paramilitaires qui leur sont hostiles.

L’Iran, évidemment, sera aussi de la partie. C’est-à-dire le détroit d’Ormuz et le pétrole qui y transite. C’est-à-dire aussi, par ricochet, les pays du Golfe. En plus, l’Iran fait maintenant partie des BRICS aux côtés de la Russie et de la Chine avec qui il a des accords de défense.

Quant à la Chine, difficile de croire qu’elle ne va pas profiter des regards tournés vers chez nous pour régler son problème taïwanais. Ce qui est une ligne rouge américaine. Et comme la mer de Chine autour de Taiwan est saturée de navires de guerre américains et chinois, on peut facilement imaginer la suite.

Difficile aussi de croire que sur le front ukrainien, la Russie ne va pas pousser son avantage. Sans oublier les visées polonaises et hongroises sur l’est de l’Ukraine.

Bref, c’est un merdier total, un impossible imbroglio, pour parler chic. En fait, c’est comme un paquet d’allumettes d’antan. Si on en craque une, c’est tout le reste qui crame avec.

Donc: pour le bien de tout le monde, les portes de l’enfer feraient mieux de rester fermées.

© Claude El Khal, 2023