Au boulot !


Les nominations de Joseph Aoun à Baabda et Nawaf Salam au Sérail signent l'obsolescence de la classe politique libanaise. C'est-à-dire des zou3ama et des organisations à leur service --qu'on appelle pompeusement "partis politiques".

Elles signent aussi, malgré les apparences, la fin des ingérences des autorités religieuses dans la chose publique. Bkerké et Dar el-Fatwa n'ont pas eu leur mot à dire dans le choix du chef de l'État et du chef de l'exécutif.

Elles marquent également la fin de l'ère des businessmen à la tête de l'État. C'est un général et un juge qui aujourd'hui président aux destinées du Liban. Le premier était jusqu'au jour de son ascension à Baabda le commandant-en-chef en exercice de l'armée libanaise, et le second était jusqu'à sa nomination au Sérail le président en exercice de la Cour Internationale de Justice.

Chacun de ces facteurs est en lui seul remarquable. Les trois ensemble sont une véritable révolution.

Maintenant les deux hommes ont la très délicate mission de former un gouvernement. Un gouvernement qui doit non seulement préserver l'équilibre interne, et ainsi éviter toute déflagration qui serait suicidaire pour tout le monde, mais aussi et surtout commencer le chantier ambitieux et salutaire de construire enfin un état véritable.

Sans oublier bien sûr, en tête des priorités, la libération du territoire libanais sous occupation israélienne et la reconstruction de tout ce que la barbarie a détruit.

Le temps viendra où nous devrions regarder avec honte la façon dont Aoun et Salam ont été désignés. Regarder en face cette cruelle réalité: nous avons démontré notre incapacité à choisir les dirigeants que le Liban mérite. Ce choix a dû nous être imposé de l'extérieur. C'est une véritable honte pour chacune et chacun d'entre nous.

Mais ce temps n'est pas maintenant.

Maintenant il faut nous mettre au travail pour aider Aoun et Salam dans leur mission. Il nous faut, toutes et tous, chacune et chacun à sa mesure, créer la dynamique de changement dont le Liban a urgemment besoin.

Au boulot.

© Claude El Khal, 2025