Je suis Libanais. Je porte en moi, dans ma chair, dans mes veines, dans mes os, dans mon âme, des décennies de merde et des siècles d’émerveillements. Je porte en moi la puanteur des villes et la brise parfumée au jasmin qui caresse encore les villages. Je porte en moi la veulerie des uns, la mesquinerie des autres, et la grandeur anonyme de beaucoup. Je porte en moi tous les pays où un exilé a posé ses valises. Tous les aéroports où ont coulé des larmes d’au revoir. Toutes les rues qui ont vu fleurir, entre le ciment et le béton, des promesses illusoires de retour.
Je suis Libanais. Je suis le monde en miniature. Je suis l’humanité jusque dans sa caricature. Dans ce qu’elle a de plus beau, dans ce qu’elle a de plus laid. Je suis Libanais. Si vous ne savez pas ce que ça veut dire, moi je sais, et ça me suffit.
© Claude El Khal